Fin décembre, j’ai eu la chance de pouvoir intervenir auprès d’élèves de primaire d’une école de Lyon autour du métier de journaliste. L’occasion de présenter différents médias autour d’un atelier ludique. Et commencer à parler aux enfants d’information.
L’opportunité m’a été offerte par l’équipe périscolaire de l’école Berthelot (Lyon 7e). A la fin de l’année dernière elle a organisé dans son parcours pédagogique des Ateliers du Mercredi Matin (AME) des présentations de métiers. Pour venir devant les enfants de l’école au périscolaire le mercredi matin, elle a demandé à des parents d’élèves volontaires.
Des notions essentielles mais lourdes pour un temps court
Dans le cadre des actions d’éducation aux médias de Rue89Lyon je n’avais jusque là pas eu l’occasion d’intervenir auprès d’un public aussi jeune. Me voici donc un mercredi matin de décembre devant une quinzaine d’enfants de classes élémentaires. Il n’est ici pas question d’éducation aux médias à proprement parler. En tout cas pas d’un projet au long cours. Simplement une présentation du métier de quelques heures.
Malgré des objectifs simples et adaptés à un temps très court, je souhaitais malgré tout aborder avec eux des questions importantes : qu’est-ce qu’une information ? comment identifier un média ? Des notions essentielles mais assez lourdes pour ce temps assez court devant les enfants.
Adapter les objectifs au groupe
Heureusement, j’ai pu bénéficier de la présence et d’un échange riche en amont avec l’animatrice en charge du groupe. Un temps qui m’a permis de mieux adapter les objectifs de cette courte séance de 3 heures environ.
Nous avons décidé de scinder cette matinée en deux temps. Un premier, organisé autour d’un échange oral avec les enfants. Un second, sous forme d’atelier plus ludique où nous leur avons proposé de réaliser et d’inventer la une de leur journal. Pour cela, j’ai bénéficié d’une jolie maquette papier confectionnée par l’animatrice (merci encore Ariane).
So Foot, Science et Vie Junior, Le Progrès, les Rues de Lyon et Paris Courses
J’appréhendais davantage le premier temps que le second. Pensant plus difficile pour des enfants âgés de 7 à 10 ans d’échanger autour de mon métier que de confectionner la une d’un journal. J’ai été surpris de leur participation, bien qu’inégale, mais aussi de leurs connaissances. À votre avis, qu’est-ce que fait un journaliste ? Première main levée et première bonne réponse. Je pouvais repartir.
Pour ce premier temps de dialogue avec les enfants, j’avais apporté une petite somme de magazines et de journaux papier. Presse nationale, locale, spécialisée ou généraliste. De Paris Courses (sans grand succès, avouons-le) au Progrès ou aux Potins d’Angèle (trop ambitieux, avouons-le) en passant par Les Rues de Lyon (le plus gros succès, reconnaissons-le) ou Science et Vie Junior.
Parler de ligne éditoriale et d’information sans leur dire
Mon objectif était de leur faire appréhender, sans leur dire, ce qu’était une information (quelque chose digne d’intérêt public) et une ligne éditoriale (un choix, avant tout). Ces supports m’ont également permis, dans nos échanges, de leur faire analyser (mais ils l’ont fait sans que je ne leur souffle) que les médias travaillaient sur des territoires ou des thématiques différentes. J’ai également boucler ce panorama rapide des médias avec des exemples de médias audiovisuels.
Ce premier moment s’est achevé par la diffusion d’une courte vidéo définissant la notion d’information. Un support permettant de conceptualiser en quelque sorte nos échanges jusque là. Au regard de l’âge d’une partie du groupe et des contraintes de temps, nous n’avons pas pu réellement échanger autour de ce support. Note pour une prochaine intervention : ce sera sûrement pertinent de la faire.
Autre bonne nouvelle à ce stade : personne ne m’a demandé si je gagnais beaucoup d’argent. Une question qui m’a fréquemment tout le temps été posée lors de mes interventions. Cette absence m’a permis d’éviter de les décevoir.
Mon journal s’appelle « Tout le temps »
Lors de l’atelier de confection de la ‘une’ de journal, les enfants ont pris ciseaux, feutres, crayons, stylos, colle et mis en place toutes leurs idées. Ils pouvaient démarrer de zéro ou piocher dans les journaux apportés pour l’occasion. Ces unes ont été plutôt réjouissantes à regarder se mettre en place.
Certains ont imaginé des journaux informatifs, traitant de « l’actualité des adultes » (« Tout le temps », plus joli nom qu’on puisse donner à un journal) ou à leur propre échelle (« Le voleur chez Mamita », ça claque). Alors, des ‘unes’ mettant en avant la mort récente de Diego Maradona, l’actualité de Noël ou l’histoire des pharaons d’Égypte (avec surcouverture, s’il vous plait) ont jailli de leurs maquettes A3.
Faire naître des envies pour plus tard
D’autres ont choisi la voie de leur imaginaire. Le journal le 1, que j’avais rapidement présenté, hebdomadaire à la forme si particulière, un journal XXL qu’il faut déplier pour en lire le contenu sur chaque « face », en a inspiré certains. Et je ne m’y attendais pas vraiment. Si les enfants sont partis sur un contenu très éloigné de l’info ou l’actualité, j’ai aimé voir leur force créatrice à l’œuvre pour imaginer un journal « pliant ».
La participation, l’intérêt et l’imagination qu’ont manifesté les enfants, y compris ceux pour qui l’attention est un challenge, m’ont particulièrement réjoui. Et renforcé dans l’idée de poursuivre, même à petite échelle, ces interventions d’éducation aux médias. J’espère avoir pu semer des envies ou des idées pour la suite. Qu’ils participent à la réalisation d’un journal d’école serait un joli prolongement.